Communiqué

Communiqué

Vers la réhabilitation d’un traître ?

 

Cinq ans après l’année qui lui fut consacrée, Victor Hugo va-t-il devoir repartir en exil ? lui qui disait “…Et s’il n’en restait qu’un je serais celui là”.

La tentative rampante, mais tenace de certains nostalgiques à vouloir la réhabilitation de Napoléon III, jette aujourd’hui le masque à grand renfort médiatique : journaux, télévision, radio.

Sous le prétexte de l’anniversaire, en 2010, du rattachement du comté de Nice à la France, Christian Estrosi, secrétaire d’État à l’Outre-Mer, président du Conseil Général des Alpes-Maritimes, candidat à la mairie de Nice, vient de faire un voyage à Londres pour demander le rapatriement des cendres de celui qui étrangla la Seconde République par le coup d’État du 2 décembre 1851. Derrière ce retour des cendres, c’est une réhabilitation de Napoléon le Petit qui est projetée.

Le modèle bonapartiste que le nouveau président de la République et ses conseillers paraissent affectionner ferait-il frétiller à l’approche des élections municipales celui qui se voit déjà en notre Napoléon niçois ?

Deux notes discordantes s’opposent quelque peu à ce projet :

– Charles Napoléon, descendant direct de Napoléon III, qui était du voyage à Londres estime, lui, qu’il n’y a pas lieu de déplacer les cendres impériales respectant ainsi le vœu de ses ancêtres.

– Dans le même temps, la gauche réunie (PS, PCF, MRG et Verts), place Masséna à Nice a rendu un hommage à Victor Hugo et Giuseppe Garibaldi, deux adversaires de Napoléon III.

Notre secrétaire d’État à l’Outre-Mer, élu d’une région qui a payé un lourd tribut à son engagement républicain, ignore sans doute le nombre de Français qui furent déportés aux bagnes, d’Algérie et de Guyane, par cet Empereur qu’il dit aujourd’hui “socialiste”.

Beaucoup n’ont pas survécu à la dure vie du bagne, ou sont morts avant d’y arriver, d’autres sont morts en exil, sans parler du massacre de centaines d’innocents sur les grands Boulevards à Paris le 4 décembre. C’est à ce prix, par la terreur que Louis Napoléon Bonaparte assura son crime. Nous n’ouvrirons pas, ici, un débat de chiffres. Ils sont connus de tous les historiens. Sauf apparemment de Mr Estrosi et de ceux qui justifient ce coup d’État en falsifiant l’histoire.

Les victimes du futur empereur étaient de bons républicains, des notables, des ouvriers, des artisans, des paysans. Ils estimaient ne faire que leur devoir de citoyens en défendant la Constitution de 1848 et la République, en espérant qu’elle soit plus démocratique et plus sociale.

 

Quand les faussaires de l’Histoire, les thuriféraires du dictateur, parlent de ceux qui ont poursuivi de leur haine et de leur vengeance “Napoléon le petit”, c’est en l’occurrence de Victor Hugo dont il s’agit. Mais, pour eux, faut-il pour réhabiliter le parjure à son serment de président de la République incriminer l’autre de toutes les bassesses ?

L’histoire a tranché, le criminel n’est pas celui qu’ils tentent de désigner aujourd’hui. La IIIe République a d’ailleurs rendu justice aux insurgés, en votant en 1881 une loi d’indemnisation aux victimes du coup d’État.

Les nostalgiques du Second Empire oublient qu’il existe des taches de sang dans l’histoire, qui resteront indélébiles. Toute tentative d’effacement de ce que Victor Hugo appelait un crime restera vaine.

Les bons républicains, eux, n’oublient pas ce qu’ils doivent à leurs pères.

 

Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines, 17 décembre 2007