Il y a 150 ans, la révolte de la Marianne

Claude Tain nous a fait parvenir cet article de Ouest-France du 24 février 2005

 

Il y a 150 ans, la révolte de la Marianne

600 ouvriers partis de Trélazé marchent sur Angers pour rétablir la République

 

 

François Attibert. L’un des meneurs de l’émeute de la Marianne, voici 150 ans.

 

 

Le jeudi 3 mars, la Société des études angevines marquera les 150 ans d’une émeute dont on parle toujours à Angers et Trélazé. Une conférence de l’historien Jacques-Guy Petit rappellera comment 600 ouvriers, en août 1855, ont voulu marcher sur la ville. Une société secrète, la Marianne, voulait rétablir la République. [note de l’éditeur du site: on pourra lire l’article de J.-G. Petit dans les Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 1997]

 

 

« La République démocratique et sociale est proclamée. En avant ! » Ces mots sont attribués à un ardoisier trélazéen de 30 ans, « cheveux et sourcils châtains, front haut, yeux bleus, nez aquilin », François Attibert. Avec son collègue « perreyeux », Jean-Marie Secrétain, un Angevin de 32 ans, il a pris la tête d’une émeute de plus de 600 ouvriers, partie de Trélazé et des Ponts-de-Cé pour marcher sur Angers. Il y aura 150 ans cet été.

 

 

Le milieu ardoisier et républicain garde vivant le souvenir de cette nuit du 26 au 27 août 1855 où, sous le Second Empire, poussée par une société secrète, la Marianne, cette « bande armée », selon le mot du préfet de l’époque, a caressé l’espoir de prendre la ville… pour rétablir la République. Les insurgés avaient forcé la gendarmerie de Trélazé, s’emparant d’armes, ici comme dans des maisons voisines, chez les pompiers et le maire. Plus, transportés dans une charrette, des barres de fer, et 200 kg de poudre provenant des ardoisières.

 

 

Fol espoir. Dès le « faubourg Bressigny », le cortège parti de Trélazé est arrêté par la troupe. « Par deux ou trois sergents de ville et quelques conscrits tremblants », ironisera un prêtre dans une Histoire des Ponts-de-Cé. Sans qu’un coup de feu soit tiré. 138 insurgés sont arrêtés, emprisonnés au château. Des condamnations pleuvront à l’automne. Secrétain, accusé d’avoir rapporté de Paris l’ordre de lancer cette insurrection, meurt à l’Ile-du-Diable en avril 1856. Attibert, envoyé à Cayenne, s’en évadera. Il sera amnistié, avec les autres condamnés, en août 1859.

 

 

Le gouvernement de l’époque tente de contester l’une des motivations des émeutiers : la cherté du pain. Le mouvement, en tout cas, est lancé par les Mariannistes désireux de rétablir la République. De leur société secrète, organisée en France vers 1850, implantée à Angers en 1853 chez les ardoisiers et les filassiers, la République a fait, toujours visibles sur ses documents officiels, sur les timbres poste , dans les mairies, l’emblème qui porte son nom : la Marianne.

 

 

Alain BODY

 

Acte d’accusation (25 septembre 1855)

Réquisitoire du procureur (12 octobre 1855)